En quelques années, le groupe PNL s'est imposé comme un des mastodontes du rap français. Pourtant, les deux frères ne font absolument rien comme les autres. Que ce soit en termes de musique ou de communication, ils se démarquent totalement. Et loin de rendre leur musique marginale, cela a complètement transformé le rap-game. Autrefois sclérosée par les géants de l'industrie, la résistance des labels indépendants menée par les deux frères en tête-de-proue a payé. Analyse d'un phénomène qui n'est pas près de s'arrêter.
À l'ère des réseaux sociaux, le duo a choisi de jouer les fantômes. Quand la plupart des rappeurs écument les plateaux de télévision et les chaînes YouTube pour promouvoir leur opus ou tout simplement rester dans la lumière, N.O.S et Ademo ont choisi le silence total. Pas d'interview, pas de jeux organisés par Booska-P, PNL n'existe tout simplement pas dans la sphère médiatique. On se rappelle de ce mythique "Planète Rap" dédié au duo des Tarterêts qu'ils avaient tout simplement boycotté. Plus encore, ils ont envoyé un véritable singe accompagner le célèbre animateur de l'émission Fred.
PUBLICITÉUn total pied de nez à l'industrie donc, mais qui alimente le buzz au lieu de l'éteindre. Qu'un nouveau duo puisse se construire tout seul sans l'aide des majors ou même des médias est un exploit qui a remis la musique et l'expression artistique au centre. Avec des clips plus beaux les uns que les autres et un style musical se démarquant de la concurrence, PNL a prouvé que la musique comptait avant tout. "Que la famille", leur mantra, est parfaitement illustré par ce besoin de se construire en petit comité.
De plus, en plusieurs albums du duo fraternel, on ne dénombre aucun featuring, une exception notoire dans un milieu qui se nourrit énormément de ces collaborations.
En général, le rap est entraînant. Mais avec PNL, c'est un son presque hérité du rock progressif qui domine. Souvent calme et posé, leurs beats comme leurs flows, cassent avec tout ce que l'on a pu entendre en matière de rap. Malgré des textes crus et réalistes, leur musique est souvent décrite comme apaisante.
Si on sait que parfois la musique peut motiver, elle peut aussi aider à la concentration et détendre. Certains joueurs professionnels en font d'ailleurs une force avant ou pendant la partie ou un match. La plupart le font en faisant leur devoir ou en travaillant. Le fait est qu'en s'inscrivant dans une catégorie aussi éloignée du rap habituellement, le duo a construit un pont que les autres rappeurs ne cessent de traverser depuis. La recette est pourtant difficilement imitable tant le groupe a réussi à créer une empreinte musicale unique en son genre.
Si le duo aime jouer avec les influences et diversifie ses morceaux, la voix des rappeurs comme la production reste intrinsèquement estampillé QLF. Dans la continuité philosophique de la gestion de leur image, PNL veut mettre sa musique en avant. C'est en produisant un style unique qui mélange influence rock, trip-hop et rap qu'ils ont réussi à renverser les hiérarchies et à se hisser au sommet des ventes en France et ailleurs.
À la suite de ce véritable tour de force, plusieurs rappeurs ont emboîtés le pas de PNL non pas dans une imitation musicale, mais dans la démarche. L'expérimentation était un sujet tabou dans le rap malgré quelques ovnis çà et là. Souvent cantonnés à la scène underground, ces rappeurs ont aujourd'hui un exemple à suivre. Peu importe la mode et la façon dont les majors organisent le milieu, si vous avez une musique innovante et originale, elle trouvera forcément son public.
Le fait même que le duo se soit construit une telle réputation sur un label indépendant va encore au-dessus de cette reconnaissance de niche puisqu'il est un des plus gros vendeurs de France.
En fins manipulateurs de l'effet Streisand, l'ascension des frères de PNL marque la reconquête de l'industrie de la musique par ses artistes. Et rien que pour cela, N.O.S et Ademo méritent d'être salués par tous les amateurs de rap.
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