Dans son troisième album, Une grande chose, sorte d’immense dédale, on peut se retrouver successivement face à des énigmes métaphysiques, des introspections à mille lieux des ego trips qui font la joie des charts, un va-et-vient permanent et lancinant entre réel et imaginaire, entre Bossa nova triste (Souris-moi), électro-pop sauvage (Petit animal), balade fun et groovy (Les copines), valse enfantine (Berceuse) ou encore un piano-voix anglophone séminal (Grow) digne de figurer dans un musical. La musique dans toutes sa palette d’émotions. Seul un auteur-compositeur en totale maîtrise de son art peut proposer un tel éventail de styles et de variations thématiques. Comme une louve qui hurle à la lune, Al.Hy « envoie » vocalement, elle fait sa catharsis, elle s’exprime, dans ce nouvel opus, pour toutes les âmes à fleur de peau qui aimeraient pouvoir le faire par elles-mêmes. On a beau, comme elle, « vivre dans la Lune et ne pas comprendre les gens », ce qui est certain, c’est qu’elle est en connexion totale avec la Nature humaine. Manifestement pas avec la génération winner et selfie addict, mais avec celle des êtres lunaires, sensibles (cf le titre éponyme, véritable tube en puissance). Ces Petits Princes égarés, ces aliens désemparés et vulnérables qui errent sur Terre en quête de leur origine mystérieuse. Pour sûr, on est loin des valeurs du moment. Et alors ? Les plus grands artistes de la chanson française (Barbara, Aznavour...), auteurs et compositeurs eux-aussi de la quasi-totalité´ de leur œuvre, voyageurs immobiles et globe-trotters de l’âme humaine, l’ont toujours su : mieux vaut être en décalage avec son temps et à l’heure à son rendez-vous avec le cœur des Hommes.