Alibi Montana n’est pas n’importe quel rappeur. Originaire de la Courneuve, ce jeune rimeur français s’est d’abord s’imposé hors des grandes maisons de disque. Au sein du label Menace Records, ce routard de l’underground a bâti sa notoriété armé d’un rap de rue impulsif et efficace comme en attestent ses albums T’as ma parole (1999), 1260 Jours (2004), Numéro d’écrou (2005) ou encore Rue (2006), signé en collaboration avec LIM. De ce fait, Alibi Montana est au cœur d’une nouvelle génération de rappeurs français, un de ceux qui ont insufflé un renouveau artistique dans le rap de la fin des années 90 pris en tenailles par des modes. Le rap vient de la rue et Alibi est de ceux qui l’y ramène, armé de propos sans concessions et de rimes taillées au couteau, trimballant avec lui un portrait sans fard de ce ghetto français qu’on veut nettoyer au Kärcher. Droit au but. Pas de rime pour la rime chez ce « Victor Hugo en Air Force One », comme il s’intitule lui-même. Révéré par ses pairs de Virty à St Denis, ce jeune rappeur d'origine haïtienne né en 1975 représente la rue comme personne. Controversé pour ses propos à l’encontre de Nicolas Sarkozy ou pour sa prise de bec avec le député François Grosdidier, Alibi Montana demeure dix ans après ses premières marques discographiques un témoin inébranlable de la situation sociale dans laquelle vit une partie de la population française. Un discours plus que jamais légitime dans la France moderne. Un discours que la rue a choisi pour la représenter.