1996, l’âge d’or pour le Rap Français, voit apparaître dans ses annales un nouvel arrivant venu tout droit du quartier Havrais, le Mont-Gaillard.
En effet, Brav', anciennement nommé Ibrah, débute au sein du label DIN Records situé au Havre dans lequel il forme le groupe Bouchées Doubles avec son acolyte de toujours, Tiers Monde.
S’en suit des apparitions confirmées du duo sur les différents projets du label ( La Boussole et Ness & Cité ) avant de réellement poser leurs bases en 2003 avec leur maxi intitulé « Quand ruines et Rimes s’ rallient » … Un style se fait remarqué avec une parfaite alchimie entre les deux Mcs autant sur le fond que sur la forme et un univers de production très varié avec Proof aux commandes.
Dés lors, la machine est enclenchée et leur premier EP « Matière grise » voit le jour en 2004 avec de nombreux invités tels que Médine ou les PSY 4 De La Rime. En parallèle, ils ne laissent rien au hasard et travaillent d’arrache pied la scène ce qui leur permettra de se faire connaître dans toutes les provinces pour cet atout.
C’est dans cette ambiance qu’évolue le groupe jusqu’à la sortie de leur premier album concept « Apartheid », véritable coup de poing sur la table du Rap, qui connaîtra un immense succès d’estime pour sa technique et sa revendication toujours digne de l’écurie DIN Records... Il suffit d’en citer les morceaux classiques tels que Négatif ou Nuit Blanche qui font toujours échos aujourd’hui par le biais du Don’T Panik Tour achevé.
Cependant, ce n’est plus seulement la presse Rap qui s’intéresse à eux mais, aussi, la presse généraliste avec des critiques positives à l’égard de leur travail notamment pour le morceau Compagnons de cellule. FR3 leurs consacrera même un reportage dans l’émission « Espace Francophone ».
Les deux entités du groupe commencent alors à écrire de plus en plus de morceaux solos et se distinguent par des revendications différentes fondées sur un engagement commun.
Sur la forme, Brav, un poil lassé du Rap, se fond en auditeur d’autres styles du Rock à la Pop tout en gardant le Hip-Hop comme base en témoigne son flot de plus en plus travaillé… Un vrai melting pot qui fera de lui l’oreille musicale de BX2.
Tandis que sur le fond, son combat se dessine. Cela commence après Apartheid avec le changement d’appellation d’Ibrah à Brav afin qu’en tant que porte drapeau d’une communauté au bord du gouffre, il puisse rendre hommage à la bravoure de la classe prolétarienne. Ainsi, il décrit avec conviction, implication et mélancolie, le combat quotidien de ce dernier rang social avec pour références, non des moindres, l’Abbé Pierre ou Coluche.
Cette classe ignorée par l’Élysée, sacrifiée dans des filières BEP, réceptrice des colis du Secours Populaire en guise de cadeaux, exclus de la société et discriminée par la Bourgeoisie … Voilà, où Brav puisse sa haine revendicatrice.
Ses écrits se frottent alors aux mots difficiles à admettre « Exclusion, RMI, Secours Populaires, Restos du cœur » tout en y ajoutant une expérience personnel des plus vraie…
En résumé, il se positionne de la même manière que le fait Tiers Monde avec les personnes victimes de racisme ou Médine avec les Musulmans stigmatisés. Brav, un artiste engagé avec un but précis : Ouvrir les yeux des autorités sur les problèmes sociaux et la pauvreté que subit 15 % de la population Française!