Groupe à l’image hardcore et au parcours sulfureux, EXPRESSION DIREKT composé initialement de DELTA, KERTRA, LE T.I.N. et WEEDY, demeure une exception dans le monde du Hip-Hop français.
Dés sa naissance, le groupe cultive un style influencé par les origines sociales de chacun de ses membres ; dans les quartiers de Mantes-la-Jolie d’où ils viennent, on écoutait plus de funk et de soul que de rap (EXPRESS D s’est formé au sein des Soul Terrifik Kidz, une des bandes les plus réputées).
Alors que la plupart des rappeurs en France copiaient les artistes américains jusqu’à la caricature, EXPRESSION DIREKT gardait les pieds dans la cité et débutait dans le Rap avec des titres percutants, aux thèmes réalistes inédits à l’époque…
Depuis leur première apparition discographique sur la compilation Ghetto Youth Progresss en 1994, les quatre membres d’EXPRESSION DIREKT n’ont cessé de faire parler d’eux. Réputé pour sa sincérité et son radicalisme qui lui valent parfois d’être pris pour des « racailles », EXPRESS D s’impose comme un groupe phare avec son premier titre Mon Esprit Part En C***, aujourd’hui un classique.
Ce titre plaît à Mathieu Kassovitz qui l’intègre dans la B.O. de La Haine. Pour la compilation inspirée du film, ils signeront Dealer pour survivre, un autre classique. Ils accompagnent le réalisateur dans la tournée de promotion du film au festival de Cannes et sur les plateaux de télévision (Nulle Part Ailleurs, Le Cercle de Minuit…).
En 96, LE T.I.N. et WEEDY, auto-produisent l’album Guet-Apens sur lequel on retrouve Joey Starr, D.Abuz System et Rohff (qui signe alors son premier titre). Cet album, révolutionnaire l’époque par son côté « l’underground plus fort que les majors », figure depuis dans le classement des légendes du rap franais.
Cette année-là, ils marquent les esprits notamment lors d’un concert au Palace, salle qu’ils remplissent uniquement par le bouche-à-oreille fait dans la rue.
En 98, le premier album d’EXPRESSION DIREKT, Le Bout du Monde leur permet de placer leur département sur la carte du Hip-Hop (avec le tube 78 en playlist radio).
Signés chez Island, ils bénéficient alors d’une exposition médiatique importante et défraient la chronique au point que se créent des rivalités au sein de la scène rap. Les rumeurs finissent par conduire les radios prétendues « rap » à les censurer et leur interdire l’accès aux plateaux de télévisions : on craint ce groupe dont la musique reflète trop bien la réalité des banlieues.
De cette exprience en Major, ils apprennent une chose : mieux vaut régner en enfer que servir au paradis. En se basant sur cette idée, le groupe sort en 2000 Wesh On Ecoute Ou Quoi ?, album qui marque leur retour l’indépendance.
Avec son propre label Phenomene Records, LE T.I.N. produit en 2000 Le Code de l’Honneur, premier album de Rohff.
KERTRA, quant à lui réalise son premier projet solo Le Labyrinthe sur lequel il invite le 113, Rohff, Kery James, la FF et Daddy Lord C.
Suivra le Guet-Apens 2, qui verra Disiz La Peste, Rohff ou Daddy Mory prêter main-forte à WEEDY et LE T.I.N. qui sont aussi épaulés par MYSTA D pour ce projet.
En 2002, alors que beaucoup de « stars » du rap s’essoufflent, EXPRESSION DIREKT entre dans le Top Album avec D.Terminé, leur album le plus dur.
KERTRA sort le Labyrinthe 2 en 2003 avec les apparations de Koma (Scred Connexion) , d’Intouchable, Daddy Lord C ou La Mixture.
WEEDY sort enfin son album solo en 2005, 24 Heures d’un M.C Yégri sur lequel on retrouve Specta, Moda ou la chanteuse Dawn Silva (ancienne complice de Snoop Dogg)…
EXPRESS D a influencé bon nombre d’artistes, et est aujourd’hui une figure emblématique aussi bien pour l’underground que pour le Show-Business.
Controversés, leur sens de l’humour, leur engagement social, leur fidélité aux principes du Hip Hop et leurs influences musicales en font un groupe à part, ayant su garder intact ses idéaux des débuts. C’est à ce titre qu’ils figurent dans le documentaire Rapattack.
EXPRESSION DIREKT continue de jouer son rôle de précurseur et de surprendre, comme par exemple avec l’album X Sessions, au titre évocateur où, sur des thèmes très explicites, le groupe donne la mesure de ses dispositions pour le « dance-floor ».
« Si un jour le Hip-Hop français devait payer son dû à un groupe en particulier, il est certain que celui-ci serait EXPRESSION DIREKT de part l’emprise (non reconnue) que ce groupe a sur le son d’ici. » Wrong a.k.a La Balafre Africaine sur CosmicHipHop.com
Suite aux émeutes de novembre 2005, 153 députés de droite et 49 sénateurs demandent au ministère de la justice d’envisager des poursuites à l’encontre de plusieurs groupes de rap, dont EXPRESSION DIREKT, pour « incitation au racisme anti-blanc et à la haine de la France ».
EXPRESSION DIREKT n’a pas fini de perturber le système en place.
Quand tout ira bien, EXPRESS D n’existera plus...