Kendra Morris: "D’une certaine façon ma vie a beaucoup tourné autour d’enregistrements réalisés dans des placards et des lieux exigus" s’amuse Kendra Morris. C’est comme un thème récurrent dans la carrière de l’auteur-compositeur-interprète basée à New-York, en remontant même jusqu’à un soir de Noël dans la maison familiale à St Petersburg en Floride. Une mini Kendra, âgée de huit ans, découvre que sa machine à Karaoké peut être aussi utilisée comme un home-studio de fortune. “J’allais dans ma penderie avec des cassettes, je chantais puis enregistrais, retournais la cassette et ainsi de suite” se souvient-elle.
Kendra Morris a grandi avec un sens aigüe de la musique, ses parents ont joué dans plusieurs groupes ensemble et elle pillait régulièrement leurs vinyles pour écouter ses artistes préférés. Alors que Marvin Gaye, The Spinners, War, Stevie Wonder, les Jackson 5 et les Temptations lui servent de guide, elle finit même par se les approprier. Elle chante sur ses disques favoris avec une voix qu’elle découvre alors qu’elle marche à peine.
“J’avais trois ans, je me suis levée et j’ai demandé aux amis de mes parents s’ils voulaient entendre ma petite voix ou ma grosse voix” se souvient-elle. “Et j’ai fait ma petite voix puis cette grosse voix d’opéra est venue. C’était peut-être ancré en moi, on dit que nos caractéristiques essentielles se développent avant l’âge de six ans…”.
Après avoir étudié la comédie musicale dans une école d’arts de la scène, elle s’inscrit sans trop y croire à l’université de Tampa. Elle passe plus de temps à chanter dans diverses formations qu’à étudier dans les amphis et, sans surprise, ne finit pas ses études. Elle retourne à St Petersburg et se trouve un petit job dans un resto, le Johnny Rockets. “Tous les jeunes avec qui j’avais été au lycée allaient y manger et moi je devais les servir, leur faire leurs frites” raconte Kendra.
C’était un coup dur mais elle s’en sert pour rebondir et accomplir de meilleures choses.
Avec l’aide de son père elle apprend la guitare et commence à écrire ses propres chansons. En 2003, Kendra déménage à New-York avec son groupe composé uniquement de filles, Pinktricity ( “Sûrement le pire nom de groupe au monde”dit-elle” On l’avait trouvé sur un paquet de bonbons!). La pression de la grande ville fait éclater le groupe mais pousse Kendra à continuer en solo. “Je ne voulais plus faire partie d’autres groupes” dit-elle. “Je sentais que j’avais quelque chose de plus à exprimer”.
Elle trouve par hasard un huit-piste et le ramène dans son loft. Kendra à l’impression de se revoir à huit ans alors qu’elle installe son enregistreur dans la seule pièce fermée de son appart, la penderie, puis se met au travail. J’avais toutes ces chansons en moi, je ne savais pas d’où ça venait !” Elle développe aussi ses harmonies, qu’elle a apprises très jeune et tisse ses morceaux de fils mélodiques entrelacés. “Je chantais les choeurs avec ma mère, étant elle-même chanteuse, depuis toute petite, du coup j’ai une bonne oreille pour ça.” Ces pistes brutes enregistrées avec le coeur deviennent ses deux premiers EP autoproduits : This Won’t Hurt A Bit (2007) et Milk And Cookies Never Lie (2008).
Un autre achat de seconde main qui fut déterminant pour Morris à été le SHARP GF-777-Le saint graal des boites à rythmes rendue célèbre par les groupes de Hip-Hop des années 80’s (notamment RUN-DMC). Elle innove à nouveau et l’incorpore dans ses sets live, trainant un énorme ampli vintage en plus de ses pédales d’effets et ses guitares à travers tout le Lower East Side. “J’adorais ça!” se souvient Kendra ; ”l’ingé son, en me voyant arriver, disait : “mais c’est quoi ce binz? “Après le concert c’était plutôt “Ça sonne grave!” .
Tout en faisant ses shows en solo autour de New-York, elle rencontre et collabore avec le producteur Jeremy Page et sort un nouvel EP éponyme en 2010. Elle s’est tellement appliquée en tant qu’auteur qu’elle a été reconnue par l’ASCAP et le Hall of Fame des auteurs-compositeurs l’année suivante. Ces institutions attribuèrent à Kendra Morris le Prix Holly 2011, qui récompense les nouveaux talents, en hommage à Buddy Holly, pour l’excellence de leur composition, interprétation et leur qualité de musicien.
Une tournée avec le Funk Brother de la Motown, Dennis Coffey l’été dernier et le soutien de DJ Premier qui remixe son single aux sonorités blaxploitation “Concrete Waves” viennent pimenter l’année que Kendra consacre à écrire et enregistrer son vrai premier album. Avec un titre inspiré des légendes irlandaises de créatures fantomatiques, Banshee est un croisement d’histoires, certaines imaginées par Kendra, d’autres tirées de sa propre expérience. L’album produit par son acolyte Jeremy Page et sorti aux Etats-Unis en 2012 chez Wax Poetics Records.
Son univers musical unique et sa personnalité ne mettront pas longtemps à traverser l'Atlantique avec le titre "Concrete waves" entré en playlist sur Nova dès le printemps, créant un buzz massif sur la toile qui reconnaît en Kendra Morris une Janis Joplin des temps modernes. Son Album Banshee est dors et déjà disponible en digital avant sa sortie Européenne prévue en Novembre 2013 suivie d'une tournée qui visitera Paris et le Bus Palladium le 14 Novembre.
“D’une certaine façon les banshees jettent des sorts avec leurs voix et je pense que les plus grands chanteurs font exactement la même chose”