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Par Lea - Artiste concerné(e) : Sexion d’Assaut
Publié le
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Avec L’École des points vitaux, le succès est immédiatement énorme. Un disque ancré dans la réalité, qui renvoie à la société française ses vérités au visage. Racisme, chômage, drogue, alcoolisme… Tout y passe grâce à une immersion dans la face cachée de la capitale, avec des mots crus et des phrases imagées qui viennent percuter l’auditeur. Black M et Maître Gims sortent déjà largement du lot, le premier en tant que véritable pilier de l’album, le deuxième davantage en électron libre. Ce même Maître Gims s’occupe de la plupart des refrains, et démontre toute sa polyvalence en alternant le chant avec des phases très kickées.
10 ans ... #lecoledespointsvitaux @jr_o_chrome @maska09 @barackadamaofficiel @lefaauthentique @gims @doomamsslinsomn @hcuetheone @dawalaofficiel ??
— BLACK.M (@Bmesrimes) March 29, 2020
Sexion d’assaut . pic.twitter.com/B0tBW8S8kD
C’est d’ailleurs ce qui a assuré la réussite de cet album : le chant, incorporé au cœur d’un rap aux influences assez oldschool. Si tous les membres découpent bien les prod' les unes après les autres, on constate un effort sur les refrains et les mélodies que peu de rappeurs faisaient alors. Avec huit membres, on retrouve nombre de morceaux fleuves – il faut bien du temps pour chacun des rappeurs – et ce dès cette "Intro (en résumé)" qui lance parfaitement l’album. Pourtant, sa première phrase ("Les nymphos aiment faire les courses parce qu’il y a souvent une queue immense") ne laissait présager rien de bon. Mais le style Sexion d’Assaut est bien là avec des jeux de mots compréhensibles de tous et des figures de style à tout va.
On retrouve dans cette même introduction une légère obsession pour les excréments (le verbe "chier" y est employé quatre fois au sens premier du terme) qui, si elle peut paraître futile et marrante, vient appuyer la sensation de vécu et de misère que les différents intervenants décrivent au fur et à mesure de l’album ("Tellement j’en chie de loin tu peux même sentir l’odeur").
Ici, la vie de galère n’est pas romancée et sacralisée, mais décrite froidement comme telle. Cette introduction, certes longue, arrive comme un sommaire au début d’une thèse et déroule le programme des thématiques qui seront abordées dans L’École des points vitaux.
Reste une inconnue : celle d’un retour en grâce tant attendu après des voies parallèles. OrelSan a fait du cinéma, une websérie, un parcours musical en commun avec Gringe. Les membres de la Sexion, eux, sont partis dans des aventures solo avec plus ou moins de réussite, et semblent indiquer enfin un Retour des rois imminent après des contentieux contractuels. Assistera-t-on à un tour de la victoire ou au match de trop d’une ancienne équipe glorieuse ?
Certains ont disparu des radars, d’autres comptent parmi les poids lourds les plus importants de l’industrie musicale actuelle. On attend maintenant le grand retour du groupe, évoqué ces derniers temps par Maître Gims en personne, après plusieurs tentatives amorcées au cours des dernières années pour des raisons évidemment contractuelles. En attendant, L’École des points vitaux demeure un album toujours aussi pertinent à l’écoute. Avec, maintenant, la nostalgie de la décennie écoulée en plus.
Quoi qu’il en soit, cela ne devrait pas entacher leur palmarès, dont L’École des points vitaux est l’une des victoires les plus éclatantes.
Correction, proposition d'article : redaction[AT]trackmusik.fr